« Si cette image drôle et juste – un animal des pays chauds désorienté dans l’hiver helvétique – a donné son titre à ce recueil, c’est qu’elle reflète un sentiment d’étrangeté et d’inadéquation bien partagé par les auteurs de ces seize textes et, probablement, par tous les immigrants. On a quitté sa famille, ses amis, sa maison, sa langue, son pays. On fuit la guerre, la répression, la torture, les boulots minables, la précarité. Et on arrive dans le froid d’une langue inconnue, de codes indéchiffrables, dans l’hostilité bien ancrée déjà, dans la méfiance. Mais aussi dans le soulagement d’avoir sauvé sa peau, dans le bonheur de rejoindre les siens, dans l’élan d’une vie nouvelle, dans la chaleur d’un accueil parfois. Ces sentiments contradictoires, ces espoirs, ces rêves, les statistiques les taisent.

Le concours d’écriture interculturel, Encrages, a souhaité les faire exister : par le biais des communautés d’immigrés, elle a sollicité des histoires. Récits de vie, souvenirs, réels ou inventés, mais reflets d’un vécu, d’un &Mac220; ancrage &Mac221;, dans le nouvel environnement ou dans la nostalgie de l’ancien. Ou dans le balancement entre les deux. » Isabelle Rüf (tiré de la préface)

Ces textes – issus du concours Encrages organisé par le Pour-cent culturel Migros, l’Académie Suisse pour le Développement et les Éditions d’en bas – sont l’œuvre de seize auteur-e-s : Arbër Ahmetaj, Reneta Czaka, Magdalena Dafflon, Eliza Dutoit, John Ebong Koko, Lydia Gabor, Paola Gallo Jarre, Pierre-Alain Gautschi, Édouard Höllmüller, Gian Kaiser, Roger Macumi, Cornélia Mühlberger de Preux, Déon Negamiyimana, Galliano Perut, Catherine Raetz-Biancolin, Chueng-Soun Tai & Julie Tai. La postface sur migrations, langues et intégration est signée par Spomenka Alvir.