Domenico Carli travaille depuis quelques temps à un triptyque théâtral : CHRONIQUES ADRIATIQUES. Les pièces qui le composent ont pour toile de fond la réalité sociale de l'Italie contemporaine.

Ciao, Papà!

Dans un train italien Riccardo, acteur et séducteur sans attache, rencontre Laura, la fille d'un politicien assassiné par la mafia qu'il a interprété au cinéma. La jeune femme, brisée par ce deuil d'enfance, consumée par son besoin d’amour, prie le comédien de rejouer des scènes du film et ressusciter un instant ce père engagé mais absent. Riccardo accepte et la frontière entre réalité et fiction se met à s’estomper…

Ave Maria

Comment faire le deuil de sa fille, tuée par un chef mafieux, quand l'indifférence et les sarcasmes entourent la douleur d'une mère? En suivant les confidences et les hésitations de Zi' Maria ainsi que les rêves innocents de sa fille Rita (une jeune femme assassinée à la veille de ses noces), AVE MARIA, comme une prière profane, tente d'invoquer le salut et questionne la réalité bouleversante de petites gens d'un pays laissé à la merci de la corruption et de la violence. AVE MARIA donne la parole principalement aux femmes, victimes premières de cette violence quotidienne exercée par le crime organisé, ici personnalisé par la figure de Don Tonino. Dans un rapport direct à la salle, des témoignages se succèdent, s'entrecroisent, se chevauchent, comme des photos prenant corps... Pour nous laisser au final en face d'une politique du non-dit, de la perte de mémoire d'un pays. L'écriture théâtrale de Domenico Carli, directe, généreuse, est pétrie, nourrie, de son amour du cinéma. Il propose des dramaturgies riches où divers plans narratifs se conjuguent, mêlant le passé au présent dans un jeu de va-et-vient complexe permettant au spectateur plusieurs entrées. Passionné par ce qui se joue, se trame, se dénoue entre les hommes et les femmes, Domenico Carli invite la « petite » histoire de ses personnages dans la Grande. Cette grande Histoire est celle de l'Italie d'aujourd'hui, où corruption et mafia détruisent des vies entières, mais aussi toute une conscience politique parmi un peuple dont l'histoire si dense fut à l'avant-garde de bien des combats du XXe siècle.