Le registre des faibles est un livre compact, cohérent et dérangeant : ses deux aspects si antithétiques, à savoir la radiographie quasi imperturbable, quasi scientifique d’une réalité, et en même temps l’engagement presque compassionnel, presque compatissant, de cette même réalité transformée en bref fragment rythmique, cohabitent dans ces textes, blessent et caressent à la fois. La blessure n’est pas celle, injurieuse, de la simple condamnation indignée ; la caresse n’est pas celle, mielleuse, d’une absolution trop facile et indolore. Lucidité et compassion se tempèrent et se stimulent mutuellement ; le lecteur en absorbe la voix et, plus précisément, le chant. Mais c’est une voix qui incise, un chant qui interroge : une voix et un chant que Fabiano Alborghetti est allé chercher dans des endroits dangereux et effroyables, en risquant encore une fois de se perdre. Mais il a su au contraire réémerger et ramener à la surface ce Registre des faibles ; aussi étrange que cela puisse paraître, il s’agit malgré tout d’un geste d’espoir, d’un geste d’amour.

Fabio Pusterla